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Récupérer l’eau de pluie à peu de frais

18 avril 2013
Par Marie-Ève Sirois *

Le système de récupération de l’eau pluviale mis en place au Centre de géomatique du Québec (CGQ), à Saguenay.

Au Québec, capter et utiliser l’eau de pluie à l’intérieur d’un bâtiment est synonyme de mesure durable onéreuse. Pourtant, la firme d’ingénierie Ambioner a trouvé une façon simple et économique de retrancher 56 000 litres d’eau potable à la consommation annuelle du Centre de géomatique du Québec, à Saguenay. 

Dans le cadre de la Stratégie québécoise d’économie d’eau potable publiée par le MAMROT en 2011, les établissements des réseaux de la santé et de l’éducation devaient, avant avril 2013, voir à adopter de saines pratiques en matière de gestion de l’eau et présenter un plan d’action visant la réduction de leur consommation. Le nouveau bâtiment du Centre de géomatique du Québec (CGQ), d’une superficie de 780 mètres carrés, fait bonne figure en cette matière depuis sa mise en exploitation, en octobre 2011. 

En effet, grâce au système de captation et de traitement des eaux de pluie conçu par Ambioner, l’institution économise 56 000 litres d’eau potable annuellement, en plus des 9 500 litres attribuables à l’utilisation d’appareils efficaces. Globalement, le CGQ consomme 42 % moins d’eau potable que le bâtiment de référence (155 000 litres/an), d’après les critères du Conseil du bâtiment durable du Canada. 

« Évalué en début de projet à plus de 60 000 dollars pour une solution clés en main, le client a vite rayé la récupération des eaux de pluie de sa liste, relate Miguel Sousa, président d’Ambioner. Mais au moment où le projet de construction du CGQ tirait à sa fin, le propriétaire a constaté que des fonds étaient disponibles pour la mise en place de mesures durables additionnelles. C’est à ce moment que j’ai ramené l’idée du projet d’économie d’eau potable sur la table. » 

Pour la somme de 27 000 dollars, l’équipe de projet a conçu de bout en bout un système de récupération des eaux de pluie : ingénierie, plomberie, et surveillance de chantier inclus. Le système du CGQ approvisionne une toilette et un évier pour le concierge, à partir d’un réservoir d’eau de pluie filtrée de 500 litres. Ce dernier subvient aux besoins de ces appareils sur une période d’environ 10 mois, car la recharge est nulle au plus fort de l’hiver. 

« Le réservoir est de couleur foncée pour éviter toute pénétration lumineuse à l’intérieur, ce qui pourrait favoriser la prolifération d’algues, note Miguel Sousa. De plus, l’entrée d’eau pluviale se fait par le bas de manière à provoquer un brassage régulier de l’eau. » 

Le système de collecte et de traitement mis en place nécessite peu d’entretien et ne requiert aucun agent chimique ; son fonctionnement est purement mécanique. D’abord, une section du drain pluvial (environ un mètre) est remplacée par un collecteur à filtre fin vertical, qui prend la forme d’un tuyau double paroi en acier inoxydable. Sur une section du collecteur, la paroi intérieure est constituée d’un tamis à mailles de 280 microns. Comme l’écoulement de l’eau se fait sur les parois intérieures du drain, 90 % 1 du débit est filtré lors du passage de l’eau dans la section maillée. Le reste s’écoule au centre du collecteur, avec les débris et résidus, sans risque de blocage dans la descente. Outre une légère coloration de l’eau, elle est adéquate pour le nettoyage et l’alimentation d’une toilette. 

Le 14 décembre 2012, le CGQ a obtenu la certification LEED-NC, niveau Argent, avec un total de 37 points. Les deux crédits obtenus en relation avec le système de récupération de l’eau de pluie sont Gestion efficace de l’eau (GEE) 3.1 (20%) et 3.2 (30%) : Réduction de la consommation d’eau. 


* L’auteure est chargée de projets chez Écobâtiment

1 -  Dans le cas du filtre sélectionné pour le CGQ, l’efficacité de 90 % est maintenue pour un débit allant jusqu’à 159 litres par minute.

Consulter notre étude de cas : Le bâtiment du Centre de géomatique du Québec