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Le Défi énergie en immobilier rallie l’industrie

15 février 2021
Par Sandra Soucy

Le Défi énergie en immobilier de BOMA Québec remplit plus que jamais ses promesses. Des lauréats de l’an 2 de la compétition en témoignent.

Fort de la collaboration et de la performance de ses participants, le Défi énergie en immobilier (DÉI) porté par BOMA Québec peut se targuer d’un bilan positif et réjouissant au terme de l’an 2 de sa compétition. Marqué au sceau de l’innovation et de la saine compétitivité, le DÉI s’articule autour de trois critères qui pointent vers des réponses tangibles aux préoccupations que soulève l’urgence climatique : la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), l’amélioration de la performance énergétique des bâtiments ainsi que la collaboration incontournable entre les gestionnaires immobiliers et leurs locataires.

« Au départ, confie Mario Poirier, directeur du programme du DÉI, on nous disait à tort que l’industrie immobilière ne faisait pas suffisamment d’effort pour réduire les GES, alors que dans les faits, c’est la croissance du nombre de bâtiments qui fait gonfler l’empreinte carbone du secteur. Qu’à cela ne tienne, un besoin venait d’être créé. Par la suite, nous nous sommes demandé comment il fallait s’y prendre pour accélérer et inciter les gestionnaires à bouger. Partant d’une nécessité, puis inspiré du programme ontarien Race 2 Reduce – The Smart Energy Building Challenge [une initiative de BOMA Toronto], le Défi énergie a ainsi vu le jour en 2018. »

Pour Jean-Michel Champagne, responsable, Développement durable à HEC Montréal et président du Comité gestion technique intégrée de BOMA Québec, il est clair que l’environnement bâti a un rôle vital à jouer dans la réponse à l’urgence climatique. « Nous sommes au centre d’une grande crise : celle des changements climatiques, de l’adaptation, de la mitigation et cela ira de mal en pis si rien ne se fait, avance-t-il. Des réponses fortes doivent se faire entendre de la part de tout le monde, et aussi de la part de l’immobilier commercial qui représente environ de 10 % à 15 % des émissions de GES. »

Jean-Michel Champagne, Mario Poirier et Vince Di Domenico

Pour atteindre l’objectif d’accélérer les mesures d’économie d’énergie pour la réduction de GES, le DÉI n’a pas hésité à solliciter le côté compétitif des participants. « Nous voulions titiller la fibre compétitive des participants, toujours dans un esprit de convivialité, car il est urgent d’accélérer le processus, indique Mario Poirier. Puis, l’objectif suivant visait à sensibiliser les gestionnaires afin qu’ils emboîtent le pas vers la sobriété énergétique. Et je peux affirmer fièrement que dans la poursuite de ces deux objectifs, c’est mission accomplie! »

Démarche collective

 Alors que les problèmes de GES et les changements climatiques devraient sonner le glas de la surconsommation et de l’inefficacité énergétique dans l’environnement bâti, les propriétaires et gestionnaires immobiliers qui adhèrent au DÉI plaident en faveur d’endiguer collectivement les bouleversements en cours. Pour Vince Di Domenico, vice-président, Exploitation chez Groupe Mach, dont deux immeubles, le 319 Franquet et le 5000, Buchan, font partie des 15 lauréats de l’amélioration de la performance énergétique du secteur commercial au terme de l’an 2 DÉI de la compétition, la principale motivation de prendre part au Défi était d’évaluer la possibilité de réduire la consommation énergétique dans les bâtiments sans altérer le confort de l’occupant.

« Ces deux immeubles, dit-il, étaient tout désignés pour profiter d’une amélioration de leur consommation énergétique, ce qui allait aussi contribuer à diminuer les coûts et à renforcer notre position concurrentielle au sein du marché locatif. »

L’Hôpital Marie-Clarac. Photo : Hôpital Marie-Clarac

Parallèlement, Pierre Pellerin, directeur des services techniques à l’Hôpital Marie-Clarac, lauréat parmi les quatre gagnants du secteur institutionnel, place l’efficacité au premier rang de ses préoccupations. « Nous sommes en présence d’un établissement qui date des années 1960 et nous avions constaté, depuis un certain temps, un problème d’efficacité des chaudières à vapeur à haute pression. Sans compter une vétusté de plusieurs de nos équipements de chauffage de CVAC auxquels il fallait s’attaquer prestement. Le Défi aura été l’occasion d’entreprendre une rénovation efficiente du CVAC et de remplacer la vapeur comme source de chauffage. »

De son côté, Jean-Michel Champagne soulève que l’enjeu principal de l’édifice de la Côte-Sainte-Catherine de HEC Montréal, qui s’est hissé parmi les quatre gagnants dans la catégorie institutionnelle, consiste à repenser les systèmes plutôt qu’à s’engager dans de grandes rénovations. « Porter l’attention sur la récupération de chaleur, l’éclairage, les séquences de contrôle, jouer sur notre pointe et jouer sur le service aux occupants, voilà qui se présente comme un beau problème, car notre édifice est en pleine croissance, avec un nombre croissant d’employés et d’étudiants à qui l’on offre de plus en plus de services. »

Retombées sociétales

La participation au DÉI favorise aussi son lot de retombées positives pour la société. « L’effort de la décarbonisation est crucial pour atteindre les objectifs de réduction de CO2 et le DÉI agit comme un catalyseur de changement. Ceci est particulièrement pertinent pour un groupe comme le nôtre qui possède plusieurs types d’immeubles et qui souhaite être reconnu pour sa contribution envers l’environnement », précise Vince Di Domenico.

Le 319 Franquet. Photo : Groupe Mach

Aux yeux de Jean-Michel Champagne, il est hors de doute que l’année 2021 sera une année charnière pour le concept de décarbonisation. « Autant chez BOMA que sur le terrain, nous sommes en ébullition sur la réflexion de la décarbonisation. Nos études énergétiques ne sont plus menées pour vérifier si on fait des gains, mais bien pour savoir ce que l’on doit faire pour décarboniser. Il ne s’agit plus seulement de calculer les dollars épargnés, mais précisément de voir le coût à la tonne de GES économisés, constate-t-il. Voilà ce qui représente tout un changement de paradigmes! Ça ouvre la porte à la réduction, à la compensation, à l’utilisation du gaz biogénéré. Voilà tout l’intérêt de la décarbonisation. »

Les axes privilégiés pour réduire la consommation énergétique et les émissions de GES passent manifestement par des solutions innovantes qui à la fois cibleront l’efficacité énergétique, le désinvestissement des combustibles fossiles et le développement des énergies renouvelables. Pour Pierre Pellerin, ces dernières représentent sans conteste une porte d’entrée qui permet d’aller plus loin. Et pour l’heure, la stratégie visée est de maintenir ce qui a été installé.

Pour sa part, Julien Poitout, concepteur du projet de l’Hôpital Marie-Clarac chez Énergère, souligne que deux phases sont à considérer. « D’abord, il faut entamer le projet de réduction à la source, c’est-à-dire s’attaquer à la réduction de la demande dans les bâtiments comme nous l’avons fait à l’Hôpital Marie-Clarac. Puis, il faut opter pour une énergie verte ou encore d’autres énergies renouvelables, comme le gaz naturel décarbonisé venant du procédé de biométhanisation d’Énergir. Nos résultats sont plus que probants avec une réduction de la facture énergétique de plus de 40 % ainsi qu’une réduction des GES de près de 70 %. »

Julien Poitout, Pierre Pellerin et Marc Kaddissi

Maintenir le cap

Assurer le maintien de la qualité et du confort auprès du locataire figure également parmi les grandes priorités au sein du Groupe Mach. Nous continuons avec beaucoup d’assiduité à assurer la performance de nos bâtiments et à réduire nos émissions. Notre taux d’occupation se situe à 95 %. Nos locataires sont fiers d’habiter des immeubles performants et nos résultats sont très satisfaisants », témoigne Vince Di Domenico.

Jean-Michel Champagne formule le souhait de repousser la prochaine frontière du côté des plus petits bâtiments souvent laissés pour compte : « Il est beaucoup plus difficile d’obtenir des ressources ou d’être hyper efficace lorsqu’on a affaire à un bâtiment de taille plus modeste. Alors que les grands bâtiments de Montréal sont très performants sur le plan énergétique et des GES, notre prochain défi sera d’aider nos pairs davantage en ce qui concerne les bâtiments de plus petites dimensions. Ce n’est qu’à ce moment que collectivement nous pourrons atteindre nos objectifs de décarbonisation.

Le 5000 Buchan. Photo Groupe Mach

« Il faudra abattre les silos et collaborer de plus en plus avec des organismes comme BOMA,  par l’entremise du DÉI, pour nous attaquer au prochain challenge qui nous attend, relié aux changements climatiques », résume-t-il.

5 bonnes raisons de relever le défi
  • Contribution à l’approvisionnement de la base de données afin d’obtenir un profil précis des gestionnaires commerciaux en vue d’offrir des programmes d’aide adaptés qui favorisent l’efficacité énergétique.
  • Favorise l’instauration d’un changement de culture qui encourage la persistance au sein des bâtiments.
  • Une reconnaissance des efforts apportés, doublée de la fierté du propriétaire et de sa vision stratégique du futur.
  • Faire partie d’une communauté qui travaille dans une même direction et en favoriser le rayonnement et permettre d’échanger sur les bonnes pratiques d’une manière non compétitive.
  • La cause en soi, celle des changements climatiques.

 

Les objectifs du DÉI
  • La réduction de la consommation d’énergie et des émissions de GES dans le secteur de l’immobilier commercial, institutionnel et multirésidentiel du Québec.
  • La collaboration entre les gestionnaires immobiliers et les locataires, le partage des connaissances, l’éducation et l’innovation.
  • La mise en place des pratiques de gestion responsables pour améliorer la performance énergétique des bâtiments de manière durable.
  • Permettre au secteur immobilier de jouer un rôle d’avant-plan dans l’atteinte des cibles de réduction des émissions de GES que s’est fixées le gouvernement du Québec.
  • Assurer le confort et le bien-être de l’occupant.

 

Mention spéciale à CAPREIT

Lors du dévoilement des lauréats du DÉI en septembre dernier, le directeur du programme, Mario Poirier, a décerné une mention spéciale pour les efforts de CAPREIT Limited Partnership, acteur du milieu multirésidentiel, dont la participation rend compte de son engagement envers l’environnement et la société, tout en affirmant son appui à BOMA Québec dans sa démarche.

Marc Kaddissi, directeur principal, service technique et durabilité chez CAPREIT, indique que son entreprise met tout en œuvre pour appliquer des stratégies et des mesures d’efficacité énergétique et de décarbonisation afin de réduire son empreinte environnementale. À la suite des mesures appliquées, les résultats obtenus sont très encourageants.

« Il y a une baisse importante des émissions, moins de pollution, des coûts d’exploitation moins élevés, et une meilleure gestion de la demande en puissance électrique, indique-t-il. Bref, tout le monde est gagnant! Nos résidents, nos employés, les parties prenantes, la société, l’économie, et bien sûr l’environnement. »

 

Nouveau prix Résilience

Pour sa troisième année de déploiement – la date limite d’inscription est fixée au 28 février –, le DÉI s’enrichit d’un prix Résilience, qui reconnaîtra les efforts des gestionnaires immobiliers pour assurer une saine gestion opérationnelle de leurs bâtiments au temps de la pandémie de la COVID-19. Il récompensera ainsi ceux qui auront su préserver les objectifs du DÉI en réduisant leur consommation d’énergie et leurs émissions de GES durant cette période.